- Pixels
ParDamien Leloup
Temps de Lecture 4 min.
Les faitsUn téléphone « équitable » peut-il être un bon téléphone? Nous l'avons testé.
Pas de métaux rares provenant de pays en guerre. Des usines qui respectent les protections sociales minimales. Et un objet conçu pour être réparable et recyclable. Un téléphone « équitable», vendu 310 euros hors frais de port, peut-il être un bon téléphone ? Éléments de réponse.
Lire l'histoire de ce téléphone un peu particulier : Fairphone, le smartphone équitable
Dès l'ouverture de la boîte - en carton recyclé, forcément - le Fairphone surprend. Pas de câble ni de chargeur : le téléphone utilise un port standard, le constructeur estime donc qu'il est fort peu écologique de fournir des connectiques inutiles. C'est d'ailleurs l'une des forces du téléphone : tout est conçu pour être remplaçable, modifiable, en un mot, réparable. Le bloc batterie est standardisé, l'arrière du téléphone est simple à ouvrir et changer la batterie est à la portée de tout un chacun - pas besoin d'un tournevis spécifique, comme sur les produits Apple.
Le design du Fairphone - très classique - n'est pas sa qualité première. Plutôt réussi de face, il manque de finition sur l'arrière. Le téléphone est lourd, comparé à des smartphones de taille équivalente, mais tient bien en main. L'écran, au format 4,3 pouces classique, est de bonne qualité, avec un bon rendu des couleurs même s'il est un peu brillant.
Une batterie « durable»
Le Monde
Offre spéciale étudiants et enseignants Accédez à tous nos contenus en illimité à partir de 6,99 €/mois au lieu de 12,99€. S'abonnerBon point pour le Fairphone, sa batterie est efficace : malgré des caractéristiques techniques moyennes, à l'usage, elle tient largement la course : même en utilisation intensive, le téléphone dure nettement plus d'une journée, à condition de ne pas abuser des jeux. En cas d'utilisation peu intense, elle peut fonctionner deux jours. De base, le Fairphone comporte peu d'applications préinstallées, dont certaines assez gourmandes en batterie, comme Google Maps. Cela permet un gain d'autonomie additionnel pour les utilisateurs qui se servent de peu d'applications. Ajouté au fait que la batterie est aisément remplaçable, c'est l'un des points forts du téléphone.
Le côté « ouvert» du Fairphone comporte d'autres avantages, dont la présence de deux emplacements pour cartes Sim, devenus rares. Contrairement à de nombreux téléphones haut de gamme récents, le Fairphone permet aussi de compléter la mémoire interne de 16 Go par une carte SD additionnelle (jusqu'à 64 Go).
Un certain manque de puissance
Comparé à des téléphones vendus deux fois son prix, le Fairphone tient plutôt bien la route lorsqu'il s'agit de faire tourner des applications gourmandes. Il montre cependant les limites de son processeur lorsque le téléphone est très sollicité, et parfois à des moments surprenants : le jeu Bloons Tower Defense, qui affiche un très grand nombre d'éléments à l'écran, a parfaitement fonctionné durant notre test, tandis que... le très simple jeu de puzzle 2048 connaissait des ralentissements d'affichage.
Nous avons également constaté de légers ralentissement au lancement des applications, et lors de la navigation dans les applications « riches» - médias ou réseaux sociaux notamment. Les changements d'écrans laissent parfois apparaître des saccades - comme sur d'autres modèles d'entrée ou de milieu de gamme.
Une version d'Android « en développement »
La version customisée d'Android présente sur le Fairphone reste proche de l'Android 4.4.2 sur laquelle elle est basée. Principale modification, l'ajout d'un menu rapide, que l'on fait apparaître en glissant le doigt du bord de l'écran vers le centre, pour accéder à quatre raccourcis. Un peu gadget, la fonction est cependant assez pratique. Le Fairphone intègre également la possibilité de répondre aux SMS directement depuis la notification, comme sur la version customisée Cyanogen.
Globalement, cette version n'apporte pas de révolution, mais inclut quelques clins d'oeil à l'aspect« écolo et responsable» : très peu d'applications sont préinstallées sur le téléphone, mais on y trouve de base iFixit, l'application référence de guides de bricolage pour réparer ordinateurs ou appareils photos. Un peu moins évident, les concepteurs du Fairphone ont également inclus l'application Peace of mind, qui permet de bloquer toutes les notifications pendant une période de temps que l'on choisit.
Enfin, l'appareil photo du téléphone n'est pas mauvais, mais se révèle un peu léger à l'usage : le capteur est assez standard avec 8 Mégapixels mais les photos comportent un peu trop souvent un léger flou. Quelques exemples :
L'avis de Pixels
On a aimé :
- l'effort plutôt réussi pour proposer un produit honnête et fidèle à l'idée « durable» d'origine
- le côté ouvert, réparable et modifiable du téléphone
- quelques bonnes idées dans la version d'Android présente
On a moins aimé :
- le manque de puissance par rapport à des smartphones de prix comparable
- le design qui peut être amélioré
Globalement, le Fairphone réussit son pari. Le rapport qualité-prix, par rapport à un Google Nexus par exemple, est nettement moins avantageux, mais c'est probablement le prix à payer pour un téléphone« éthique». Le résultat est un téléphone tout à fait utilisable, mais qui ne satisfera pas les consommateurs les plus exigeants (ou très joueurs).
C'est plutôt pour vous si :
- vous accordez de l'importance à la « consommation responsable»
- vous cherchez un téléphone « smart» mais avec une bonne autonomie
- vous n'utilisez régulièrement que quelques applications
- le fait de ne pas pouvoir changer vous-même la batterie de votre mobile vous horripile
Ca n'est pas pour vous si :
- vous jouez beaucoup, vous cherchez un téléphone puissant
- votre budget est très important ou au contraire très limité
- les mots « commerce équitable» et « développement durable» vous donnent de l'urticaire
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